J’ai tenté d’arrêter le sucre

JE SUIS ACCRO AU SUCRE. Voilà, c’est dit. Le sucre est devenu pour moi une addiction. J’ai mis longtemps à m’en rendre compte. J’ai 20 ans, et cela ne fait que quelques mois sûrement.

Comment en suis-je arrivée là ?

Petite, mes moments favoris de la journée étaient le goûter. J’aimais les restaurants pour leur choix élaboré de desserts. Je grignotais autant que je le pouvais. D’ailleurs, j’étais fatalement ronde. Et pourtant, très tôt en primaire, je n’avais déjà plus de goûter. Et pour les gâteaux de la maison, ma mère les cachait pour que je ne les termine pas. De cela est née une légère frustration qui m’a fait me promettre à moi-même : « quand je serai grande, je mangerai autant de chocolat que je veux ». De ce dont je me souviens, je n’avais aucune notion diététique. Je savais qu’il ne fallait pas manger trop de gâteaux, mais pas pourquoi. Il n’y avait pas eu de sensibilisation à l’école non plus. À l’opposé, on avait déjà créé le lien dans ma conscience : trop de McDo = devenir gros. J’avais simplement l’impression qu’on m’interdisait le sucre pour m’embêter.

 Évidemment étant une femme de parole, en grandissant j’ai mis ma promesse à exécution. L’argent de mes petits boulots servait bien souvent à assouvir des petits caprices alimentaires. Dans cette trajectoire, quand j’ai déménagé seule pour mes études, tout ceci a continué. À tel point que j’avais pris la décision de ne jamais avoir de liquide pour ne pas craquer. Je savais qu’en utilisant ma carte bleue, j’allais sûrement regretter l’achat au moment de faire mes comptes. Néanmoins, je craquais et c’est ce qui m’a donné envie de changer. Je ne pouvais plus me permettre de dépenser 15 € par semaine en sucrerie.

Parallèlement à ça, j’ai eu des problèmes de dents. De simples bilans routiniers ont révélé des caries tellement profondes, que j’ai dû placer des couronnes. Alors j’ai dit stop. J’allais non seulement manger mieux, mais aussi arrêter le sucre.

Arrêter le sucre

Ma détermination était à son maximum. J’avais déjà pris la décision dans mes années lycée d’arrêter le sucre ajouté. Avant, je pouvais mettre jusqu’à 4 morceaux de sucre dans une tasse de thé (j’ai honte), après, je n’en mettais qu’occasionnellement dans un yaourt sans sucre. Cette fois, je suis allée plus loin. Je ne buvais déjà que très peu de soda (n’appréciant que le 7up mojito), mais j’ai commencé à toujours choisir de l’eau pour accompagner un repas à l’extérieur. Ma pâte à tartiner et ma tablette au chocolat au lait ont été reléguées au fond du placard (ça me faisait trop mal au cœur de jeter), et je me suis forcée à aimer le chocolat noir (ce qui n’est toujours pas le cas).

L’habitude du grignotage étant trop ancrée, j’ai opté pour remplacer les gâteaux par du pain complet, des noix et des pruneaux pour le goût sucré. À côté de cela, j’ai proscrit de chez moi, tout aliment faisant partie de la liste « à éviter ». Aux courses suivantes, pour la première fois, je ne me suis pas autorisé l’achat d’une petite douceur. J’étais devenue adulte.

Ahhh si tout était si simple ! Ces bonnes résolutions ont tenu une semaine ou deux. Mais on n’appelle pas cela une addiction pour rien ! J’éprouvais le manque. Voilà comment cela se passait : après un bon repas, je sens que je n’ai plus faim. Satisfaite, je retourne vaquer à mes occupations. Seulement, peut-être 30 minutes après, une petite voix me dit « mange encore ». Mais quoi ? Encore un peu du plat ? « Nah », un fruit alors ? « han han ». Du pain et du fromage ? « NON ». Des visions de gâteaux et chocolat en tout genre défilent dans ma tête. Alors je me rabats sur mes pruneaux qui font office d’une faible substitution. Je sens bien que je n’ai plus faim, mais mon cerveau continue de me dire que si. Alors parfois, pour avoir la paix intérieure, je m’autorisais un verre de sirop de citron sucré.

J’ai bien compris que cesser totalement le sucre, n’engendrais que frustration. C’était à un tel point qu’une fois, j’ai carrément rêvé d’une orgie de desserts. J’étais à un banquet avec tartes et pièce montée à foison ! Je me suis réveillé la boule au ventre et en manque.

Après cela, je me suis autorisée des craquages exceptionnels. Une glace entre amis, accepter une proposition de cookie d’une amie, un muffin de la cafétéria de temps à autre si je n’ai pas eu le temps de déjeuner… ça allait mieux. Mais récemment, j’ai franchi une de mes lignes rouges : acheter du chocolat. Bon, les circonstances étaient particulières. Nous allions entrer en confinement pour stopper le coronavirus, et dans ce climat de panique et de stresse, j’avais besoin de réconfort.

Les effets d’une vie sans sucre :

  • Mon humeur s’est détériorée. Le sucre n’étant plus là pour m’apporter ma dose constante de récompense au cerveau, je suis entrée dans des moments de quasi-dépression faite de colère, tristesse et saute d’humeur.
  • J’ai repris conscience du caractère sucré de certains aliments. Par exemple, je peine aujourd’hui à manger deux Snickers à la suite alors qu’avant, cela ne m’aurait pas dérangé.
  • J’ai l’impression de moins switcher entre les périodes « on », d’excitation et d’énergie et « off », de fatigue extrême et de flemme.
  • J’arrive à reconnaître quand j’ai une vraie faim qui implique le salé. C’est toujours un peu flou, mais moins qu’avant.

Voilà c’est tout ! Je continue dans cette lancée sur ce chemin difficile et tumultueux. Néanmoins, je sais que c’est la bonne voie.

being healthy